papier (n. m.) link
Support de fibres végétales enchevêtrées, fabriqué à base de déchets de tissus*, de cordages et de textiles, de papiers* de récupération ou de végétaux* tels que le chanvre, le coton, le lin ou les fibres de bois*, fermentés et écrasés au pilon. Probablement mis au point ou perfectionné en Chine, par un fonctionnaire de la cour nommé Cai Lùn (mort en 121 après J.-C.), le papier s’y développe rapidement. Il est stimulé par l’invention de l’imprimerie attestée dans cette région dès le VIe siècle. D’abord préparé à base de chiffons recyclés, il se perfectionne avec l’emploi de chanvre puis de ramie (II-IIIe siècle), de rotin (III-Ve siècle), de bambou* (IXe siècle) et de riz (XIVe siècle). Le secret de sa préparation aurait été divulgué vers le milieu du VIIIe siècle par des papetiers chinois prisonniers des Arabes, lors d’une bataille en Asie* centrale (Ouzbékistan). Le papier, via les itinéraires des caravanes, gagne l’Occident depuis des centres de production importants comme Samarkand ou Bagdad. Suivant l’expansion musulmane en Afrique du Nord, il arrive en Espagne (moulin de Jativa, en activité en 1050), en Italie*, puis dans le sud de la France*. Les chiffons remplacent les matières végétales comme matières premières dans les moulins à papier. Le développement de l’imprimerie, après les années 1450, et l’invention de la xylographie et de la taille-douce favorise l’emploi du papier pour une plus large variété d’applications. Le procédé de fabrication traditionnel occidental est le suivant : de vieux chiffons sont triés selon leur finesse, leur état de conservation et de propreté, avant de subir l’opération de délissage c’est-à-dire l’élimination des ourlets, coutures, boutons, etc. Les tissus sont rassemblés dans une pièce sombre et humide pour fermenter (pourrissage) et être plus facilement défaits, puis découpés en morceaux (dérompage), avant d’être battus et débarrassés des impuretés résiduelles. Le bouillissage consiste à laver durant plusieurs heures les tissus dans une solution de soude caustique, afin de les dégraisser et de les désagréger. Après un défilage dans la pile à effilocher*, la pâte peut être blanchie. En outre, on peut lui adjoindre des charges (craie*, blanc de titane*, gypse*, mica*, talc*), pigments* et inclusions décoratives (pétales de fleurs*, fines pièces de papier coloré, lamelles de feuilles d’or* ou d’argent*), lors de l’opération d’affinage du papier. Un ouvrier porte alors la pâte dans une cuve chaude, où elle est brassée. Les procédés dits modernes relèvent de progrès substantiels qui ont ponctué la fabrication du papier : la mise au point, vers 1670, de la pile hollandaise* : le cisaillement de la pâte permit d’éviter le pourrissage des chiffons et d’accroître la qualité du produit. Jusqu’au début du XIXe siècle, le papier est fabriqué feuille par feuille (voir papier à la cuve). La conception, par Louis Nicolas Robert (1761-1828), de la machine à papier* brevetée en 1799 permet la fabrication en continu. L’apparition de la pâte de bois* mécanique, sur base de la désagrégation chimique du bois à la soude, pour laquelle les Britanniques Charles Watt et Hugues Burgess (Angleterre, 1825 ca - USA, 1892) - avaient déposé un brevet en 1851, permet un développement de la production à une échelle industrielle (Bull. de la Soc. d'Encouragement pour l'Ind. nat., 1825, p. 159-162 ; 1826, p. 225- 231 ; 1829, p. 542-548, 1831, p. 552-560 ; Cockshaw & De Vos, 1995, p. 1 et 2 ; De Bruignac, 1995, p. 21-22 ; Encyclopédie, vol. 11 (N - Parkinsone), 1765, article papier, p. 846-859 ; Jacqué, 1991c, p. 11 ; Perego, 2005, p. 541-554 ; Schaller, 1999, p. 429-435 ; Teynac et al., 1981, p. 9 ; http://expositions.bnf.fr/chine/reperes/3/index.htm).
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Illustration:
Une pile de feuilles de papier.