papier irisé (gr. n. m.) link
Procédé d’impression également dénommé impression « en teintes dégradées » ou « en teintes fondues » inventé par le manufacturier alsacien Michel Spœrlin (1784-1857), beau-frère de Jean Zuber (1773-1835). Dès 1819, il sera exploité et perfectionné dans la manufacture Zuber & Cie de Rixheim, la première pièce imprimée selon cette technique datant de 1822. Le principe consiste à abandonner la complémentarité en vigueur jusque là, -celle du dessin et de la couleur-, pour faire valoir toute son intensité à cette dernière. Si le procédé semble facile à entreprendre, tel que le concevait Spœrlin lui-même, tout l’art consiste en sa bonne mise en œuvre : l’ensemble des nuances d’une couleur sont présentées séparément dans des encriers, où elles sont prélevées successivement par la brosse* d’un ouvrier fonceur, celui-ci dépose alors l’ensemble de ces teintes sur la surface du lé* de papier, le dégradé des tons étant peaufiné par le passage d’une seconde brosse, actionnée par un second ouvrier fonceur. L’impression suit le même principe, la planche est imprégnée de l’irisé prélevé au préalable dans le bac à couleurs où sont étalées l’ensemble des teintes utilisées pour le rendu du dégradé. La qualité de la finition est par conséquent fonction de toute une série de paramètres, en premier lieu desquels le savoir-faire de l’imprimeur, essentiel, depuis l’encrage jusqu’à la précision des raccords*. D’abord réservé aux dégradés de ciels et aux décors de panoramiques, l’usage des fonds irisés s’appliqua rapidement à l’impression de tous sujets, vivifiés par la variété des effets de couleurs potentiels, autorisant de surcroît la possibilité d’une superposition graphique des tons et des motifs. Le contexte est par ailleurs propice à la demande croissante pour les papiers peints imitant la soierie, tendance insufflée par la richesse de l’ornement propre au style Empire*. La mode dicte le goût pour la profusion coloristique, parfois audacieuse, pour les motifs imposants, le caractère brillant des fonds et les contrastes grandiloquents, de sorte que le papier peint irisé outrepasse rapidement la stricte imitation des matières pour acquérir les caractéristiques fondamentales d’une réelle nouveauté. Louis Isidore Leroy (1816-1899), concurrent de Zuber, utilisa pareille technique pour ses papiers peints, qu’il appelait « prismés » (Boussoussou et al., 2004, p. 66 ; Figuier et al, 1875, p. 25 ; Jacqué, 1991c, p. 20 ; Jacqué & Page, 2005, p. 1-10 ; Nouvel-Kammerer, 1991, p. 102 ; Nouvel & Seguin, 1981, p. 16).
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Illustration:
Papier peint irisé avec motifs décoratifs, auteur inconnu.
Impression à la planche sur papier, 1800-1850 ca. (?)
Provenance probable France.
Gand, Musée du Design.
© KIK-IRPA, Bruxelles (X047461)