néo-gothique (n. m.) link
Phénomène culturel et artistique majeur du XIXe siècle, issu d’un regain d’intérêt pour l’art médiéval et surtout l’architecture (voir néo, historicisme). Le néo-gothique s'intègre dans la mouvance romantique qui remet le Moyen Âge à l’honneur notamment au travers de la littérature : Walter Scott (Ivanhoé, 1819) ou Victor Hugo dont le roman Notre-Dame de Paris (1831) inspirera la composition du papier peint Esmeralda en 1840-1841 produit par la manufacture Dufour et Leroy*. Des premiers motifs gothiques sont repris en Angleterre dès la fin du XVIIIe siècle (voir : Chippendale*). Le style fleurit dans toute l’Europe, principalement de 1840 à 1860, tant dans l’architecture civile et religieuse que dans les arts appliqués. En France, les travaux de Prosper Mérimée (1803-1870) et les restaurations d'Eugène Viollet-le-Duc (1814-1878) suscitent un engouement pour le Moyen Âge. L’architecte anglais Augustus W. N. Pugin (1812-1852), par son ouvrage Contrasts publié en 1836, introduit un renouvellement du style en le considérant d’un point de vue non seulement esthétique mais aussi éthique et social. Ses idées seront poursuivies par John Ruskin (1819-1900) et William Morris (1834-1896). Pour ce dernier, le néo-gothique ne s’adresse pas à une élite mais est destiné au contraire à la base de la société : c’est l’art pour le peuple, par le peuple. Les papiers peints néo-gothiques sont reconnaissables par la présence d’ornements architecturaux gothiques tels des ogives*, des pinacles*, flèches et clochetons, des tri- et quadrilobes*, des entrelacs* et des gargouilles. Ces éléments peuvent également, dans un esprit romantique, encadrer des petites scènes de genre (paysages* ou ruines*). Entre 1820 et 1845, les papiers peints néo-gothiques inspirés de la sculpture sur pierre se caractérisent par un nombre relativement réduit de couleurs et le veloutage fréquent des bordures*. Une transformation du goût s’annonce entre 1840 et 1870, avec les papiers peints d’Augustus W. N. Pugin et d’Owen Jones (1809-1874), ornés de plantes stylisées*, privilégiant les formes géométriques et s’inspirant des tapisseries* médiévales (Cliff, 1998, 248 ; Nouvel & Seguin, 1981, p. 18 ; Riley & Bayer, 2004, p. 248 ; Teynac et al., 1981, p. 145).
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Illustration:
Papier peint à motifs néo-gothiques, manufacture inconnue.
Pigment et impression sur papier, 1841-1860 ca.
Provenance Bruxelles, rue de Laeken, Hôtel Dewez.
© IRPA, Bruxelles (X013191)