papier de tapisserie (gr. n. m.) link
Le papier de tenture, la tenture ou encore la tapisserie sont autant d'appellations désignant autrefois le papier peint*. Il s’agit en fait de feuilles de papier* collées à joints superposés*, imprimées à l’aide de planche de bois* gravées et dont la combinaison en hauteur et en largeur permet de reproduire un motif ornemental important sur une surface murale. Plus colorés et de meilleure facture que les dominos*, ces papiers de tapisserie sont très à la mode dans les intérieurs bourgeois de l’époque, tant en France qu’en Angleterre, se substituant avantageusement à la présence d’objets d’art jugés trop coûteux. Leur succès est aussi lié à la prohibition des toiles imprimées en 1686, point de départ de l’ouverture d’un marché de substitution. L’invention du papier de tapisserie serait due au graveur et dominotier parisien Jean II Papillon* (1661-1723), lequel aurait récupéré, vers 1688, le principe du dessin à raccord*, c’est-à-dire dont l’ensemble est réparti sur plusieurs feuilles de manière à former un motif ornemental continu.
Du point de vue de leur mise en œuvre, les différentes pièces de papier sont appliquées sur la planche encrée de noir*, disposée face vers le haut. Bien fixées, elles sont soumises au passage d’un rouleau* de manière à recevoir la marque des contours*. Le motif est ensuite coloré au pochoir* ou par la technique du pinceautage*, à l’aide d’encres légères et transparentes. Un peu plus tard, la procédure d’impression sera inversée, les lés* de papier rabouté* étant déposés sur une table* pour recevoir la couleur* déposée par une planche à imprimer*. Vers 1750, Jacques Chauveau, élève de Papillon, met au point les bois de rentrure*. Très rapidement, le marché s’élargit et des aménagements considérables voient le jour, notamment l’adoption des couleurs à la détrempe*, suivies de l’arrivée du papier en rouleaux* et de nouvelles techniques venues d’Angleterre (papiers tontisses*, etc), de telle sorte que l’impression sur papier se détache des carcans de la dominoterie pour donner naissance au « véritable » papier peint, vers le milieu du XVIIIe siècle.
La production la plus importante de papiers de tapisserie au sud des Pays-Bas était située à Tournai mais peu d’entre ceux qui subsistent sont antérieurs à la fin du XVIIIe siècle. Aucun exemple illustré des grands motifs semblables à ceux de Papillon n'est conservé dans nos régions, hormis peut-être un fragment de papier peint remontant au XVIIe siècle, photographié pendant la Seconde Guerre mondiale dans l’Hôtel de Selys-Longchamps à Liège (Antiquités et objets d’art, 1990, p. 61 ; Boussoussou et al., 2004, p. 17 ; De Bruignac, 1995, p. 9 ; De Bruignac, 2007, p. 206 ; De Bruignac & Santrot, 1997, p. 23 ; De Fabry, 1991a, p. 68-78 ; Fagu & Seguin, 1967, p. 12, 106 ; Nouvel & Seguin, 1981, p. 9-10 ; Teynac et al., 1981, p. 21, 40, 218 ; Velut, 2005a, p. 14 ; Wisse, 1997a, p. 13, 14).
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Illustration:
Fragment de papier de tapisserie, auteur inconnu.
Impression à la planche sur papier, 1601-1700 ca.
Liège, Hôtel de Sélys-Longchamps.
© KIK-IRPA, Bruxelles (B92956)