grotesques ou grottesques (n. f. pl.) ou grotesque (adj.) link
Mode décoratif élaboré sous la Renaissance d’après des exemples antiques. A la fin du XVe et au début du XVIe siècle, on découvre à Rome, sous les thermes de Trajan, dans la Domus Aurea de Néron (37-68), des décors fantaisistes composés de figures fantastiques agencées sans aucune contrainte de logique ni d’échelle. Ce type de décor prit le nom de grotesques car on désignait alors à Rome sous le nom de grottes (grotteschi) ces excavations ou fouilles souterraines. Les grotesques, purs produits de l’imaginaire, associent des architectures illusionnistes, des paysages, des motifs anthropomorphes et zoomorphes avec des thèmes floraux et végétaux, tout en jouant sur des métamorphoses, des hybridations entre les espèces. A la bizarrerie des motifs et de leur association s’ajoute celle du cadre architectural, semblant défier toute pesanteur, et celle de la composition, s’organisant généralement symétriquement de part et d’autre d’un axe vertical. Ce système décoratif connut un grand succès et fut recopié, diffusé et réinventé par les artistes du XVIe au XXe siècle, à travers les styles renaissant, maniériste, baroque, rococo, néo-classique*. Les grotesques des Loges du Vatican, exécutés de 1517 à 1519 par Raphaël (1483-1520) et son équipe, figurent parmi les exemples les plus importants de réinterprétation de ces motifs antiques. Au XVIIIe siècle, le terme grotesque est synonyme d’arabesque*. Du fait de l’étrangeté de ce décor, le terme grotesque est aussi utilisé comme adjectif pour qualifier ce qui est extravagant et chimérique, avec souvent un sens péjoratif (Peter Fuhring, Histoire de l’art - grotesques, in Encyclopaedia Universalis ; Jacqué, 1995b, p. 18-19 ; Néraudau, 1985, p. 253 ; Wodon, 2008, p. 53-54).
....

Illustration:
Papier peint à décor en grotesques, auteur inconnu.
Impression à la planche sur papier, 1776-1800.
Château d'Attre, salon vert.
© KIK-IRPA, Bruxelles (KM14064)