bois de Campêche (gr. n. m.) link
Colorant* d’origine végétale, extrait du cœur du bois de campêche, Haematoxylon campechianum (Fabacées), épineux d’Amérique centrale et des Antilles. Son principal composant, environ 10% du bois de cœur, est l’hématoxyline appartenant au groupe des neoflavanoïdes. Des tanins et des résines sont également présents. L'hématoxyline s’oxyde en hématéine en s’exposant à l’air et au soleil. Parce que ce colorant est sensible au pH, il peut produire une gamme de couleurs allant du rouge au violet et bleu jusqu’au noir (Colour Index, 1971). Le nom du bois est dérivé de la petite ville Campeche (Péninsule du Yucatan, Mexique) dont il est issu à l’origine. Avant l’arrivée des Européens dans cette partie du monde, le bois de campêche était déjà employé par les Aztèques pour la teinture. Il sera ensuite importé sur le vieux continent sous forme de grands blocs, pendant la première partie du XVIe siècle. D’autres variétés seront parfois préférées, et nommées distinctement d’après leur lieu d’importation. On parlera alors de bois d’Inde, bois de Jamaïque etc. Le colorant est très instable ainsi que les laques* le contenant. Elles étaient peu recommandées pour les arts graphiques. Néanmoins, étant donné la rareté des teintes violacées et pourpres naturelles disponibles, on les utilisa jusqu’au début du XIXe siècle. A l’époque, ce colorant était aussi employé pour les encres noires de gallotannate de fer, ainsi que pour les détrempes où il donnait des noirs veloutés et profonds très appréciés. Il est mentionné comme un matériau bon marché dans les œuvres peintes avec un liant aqueux au XVIIe siècle. Sébastien Lenormand signale l’utilisation du bois de campêche dans le domaine du papier peint, pour obtenir des violets (De Bruignac & Santrot, 1997, p. 25 ; Eastaugh, 2004, p. 242 ; Lenormand, 1822, p. 237 ; Perego, 2005, p. 133-134).
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Bois de Campêche d'où est extrait le colorant.
Photographie Wikimedia Commons.