couleur (n. f.) link
La couleur n’est qu’une perception par l’œil et n’est pas une propriété intrinsèque d’un matériau. Un matériau n’apparaît coloré que s’il est éclairé par une source de lumière et que si un observateur capte la lumière renvoyée. La lumière visible est un rayonnement électromagnétique constitué de longueurs d’ondes comprises entre 400 à 700 nanomètres. L’origine de la couleur d’un matériau réside dans l’interaction entre la lumière et la matière. Elle résulte soit de l'absorption sélective de la lumière visible (couleur chimique) ou de sa dispersion sur une structure submicronique (taille inférieure à un millionième de mètre) de la matière (couleur physique). La couleur est subjective et inclut l’influence culturelle et des variations physiologiques. L’importance des couleurs et leur perception ont varié au fil des époques.
Les couleurs sont composées d’un mélange de matières colorantes (pigments* et colorants*), de charges* et de liants*, qui sont dilués. Pour l’impression à la planche*, la matière picturale utilisée est, presque exclusivement, de la détrempe*. La préparation est plus liquide pour le fonçage* (pour lequel on utilise des brosses) et plus épaisse pour l’impression. En dehors de la détrempe, les encres* et la peinture acrylique sont également employées.
Selon Sébastien Lenormand, on fabrique les couleurs en les extrayant par ébullition, puis on ajoute de l’alun*, de l’amidon* et de la colle des Flandres*. Christine Velut évoque des couleurs végétales ou minérales, plus rarement animales, poudres (terres broyées et oxydées), liquides (teintures extraites de racines, plantes, bois, colorants). Chez Zuber*, on emploie des couleurs à base de chaux, amidon, colle et pigments. La durée de vie avant l’emploi n’est pas supérieure à trois semaines.
Le fond (souvent uni sauf si un contrefond* est imprimé) est en général plus clair que les motifs, car il représente le vide et l'espace.
Le choix des couleurs varie avec les modes : très vives au XVIIIe siècle et jusqu’en 1830, elles s’adoucissent ensuite. Au début du XIXe siècle, on emploie volontiers des couleurs acides, relevées de tontisse* noire. Dans les années 1820, on utilise des coloris ocres et les teintes s'adoucissent dans la décennie suivante. Dans les années 1850, on apprécie les coloris verts, beige et bleus. Les années 1860-1870 voient des motifs raffinés avec de fines lignes blanches, des gris, des bleus et de l’indigo. Après 1880, les couleurs plus foncées sont à l’honneur et s’accordent notamment avec le style néo-Renaissance*. La manière d’appliquer les couleurs se modifie avec le progrès des techniques : voir impression à la planche et impression mécanique (Alberts & Mariël, 2001, p. 11 ; Boussoussou, 2004 (abrégé), p. 19 ; De Bruignac & Santrot, 1997, p. 24-25 ; Lenormand, 1822, p. 240 ; Nouvel & Seguin, 1981, p. 11 et 18 ; Pastoureau, 1992 ; Racinet, 1869, p. 15-16 ; Velut, 2005a, p. 75 et 106 ; Viollet-le-Duc, 1864).
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Préparation des couleurs dans l'Usine Lefranc (France), fin du XIXe siècle.
Extrait du livre de M. Vachon, "Les Arts et les Industries du papier en France 1871-1894", Paris, Librairies-Imprimeries réunies, 1894.